Les disparus de Montbrisac T4 by ARTHUR TENOR

Auteur:ARTHUR TENOR [TENOR, ARTHUR]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2002-01-31T23:00:00+00:00

9

Caïn et Abel

— Il te connaît, essaie de l’amadouer, dit le chevalier. Pendant ce temps je lui prépare une surprise.

L’écuyer acquiesce, s’avance vers le monstre qui obstrue la galerie.

— Tout doux, mon grand. Nous ne te voulons point de mal. Comment t’appelles-tu ?

— Rrrgneu ! émet le géant.

— Reugneu ? Très joli nom. Moi c’est Gilles. Ton maître est-il par ici ou par là ?

— Rrrgneu !

— Oui, c’est ça, rrrgneu moi aussi. Alors ainsi, tu viens souvent te promener dans ces souterrains ? C’est frais, mais un peu humide, non ?

— Gragneu !

Le géant se fait plus menaçant.

— Il serait temps d’agir, maître. La bête des profondeurs s’impatiente.

— Je suis prêt, écarte-toi.

Gilles s’efface devant le chevalier qui s’approche avec prudence du gaillard. Il serre dans une main une boule noire et dans l’autre un objet que seul Gilles saurait identifier. Soudain une voix résonne dans le tunnel :

— Goliath, reviens !

Le colosse réagit à l’instant où le Félin passe à l’attaque en lançant la sphère. Celle-ci explose en émettant une éblouissante lumière blanche. Goliath pousse un cri de terreur en se protégeant le visage du bras. Yvain jette alors sur lui un filet auquel son inventeur a donné le nom de Rets-de-la-veuve-noire. L’objet se déploie comme une toile d’araignée aux fils équipés de redoutables crochets. Pourtant l’action échoue. Goliath s’éloigne dans la galerie, traînant derrière lui comme une cape le filet du Félin.

— Suivons-le ! ordonne ce dernier.

La poursuite s’achève bientôt, lorsque le géant ferme derrière lui une lourde porte de chêne. En vain, le chevalier cherche une serrure. Il teste la solidité de l’huis d’un coup d’épaule.

— Il nous faudrait un bélier pour enfoncer cet obstacle, conclut-il.

— Cela signifie-t-il que nous allons battre en retraite ? demande Gilles qui n’a jamais vu son maître se laisser arrêter par une porte.

— Je ne sais... Peut-être existe-t-il une autre issue.

— A votre avis, qu’y a-t-il derrière ?

— L’antre du dragon.

Un bruit de verre résonne de l’autre côté de la porte, puis celle-ci s’entrebâille. Alors que Gilles se tient prêt à se lancer par l’ouverture, le chevalier recule. Il abaisse son flambeau, une fumée verdâtre s’insinue par l’interstice, rampant sur le sol tel un monstre de vapeur.

— Vite, Gilles, fuyons !

Les deux compagnons déguerpissent devant un gaz atrocement irritant.

Toussant et pleurant, ils suivent comme un fil d’Ariane les traces phosphorescentes laissées par le chevalier durant leur parcours précédent dans le labyrinthe souterrain. Ils retrouvent l’air libre avec soulagement, mais aussi le sentiment de ne pas être allés au bout de leur mission.

— Nous avons échoué, maugrée le Félin.

— Provisoirement, car je vous connais assez pour deviner que nous allons sans retard retourner à l’attaque, dit Gilles.

— Certes, mais par une autre voie, car j’en ai assez des couloirs puants et gluants.

De retour au camp, ils trouvent le seigneur de Montbrisac en effervescence guerrière. Son vassal, le baron de Montcorneil, vient d’arriver avec sa troupe et son artillerie lourde. La première est épuisée et équipée à la hâte, la seconde en pièces détachées sur une carriole.

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